Mot du curé en période de confinement 6
Il m’a aimé jusqu’à l’extrême
Boulogne, le jeudi saint 9 avril 2020
Chers paroissiens,
Avec toute l’Eglise, nous entrons aujourd’hui dans le triduum, les trois jours saints qui nous conduisent au dimanche de Pâques.
Pourquoi célébrons-nous chacun de ces trois jours ?
Parce qu’ils ont un enracinement biblique et évangélique. Dans chacun des quatre évangiles, le récit des événements vécus par Jésus pendant cette semaine occupe une place considérable, un quart voire un tiers de l’ensemble du livre. Cela témoigne de l’importance que les premiers chrétiens, dont les auteurs Matthieu, Marc, Luc et Jean, accordent à ces événements.
Parce qu’ils ont une valeur pédagogique. En mettant nos pas dans les pas de Jésus, en mettant nos pas dans les pas des disciples, jour après jour, nous découvrons les sentiments du Christ et des témoins de chaque scène. Au fond, lire l’évangile et célébrer les jours saints nous fait participer à la vie du Christ. En suivant les disciples, nous apprenons à devenir disciples.
Parce qu’ils ont une portée théologique. La théologie chrétienne n’est pas seulement un discours de l’homme sur Dieu. Mais c’est d’abord l’inverse : ce que Dieu veut pour nous, à travers le regard, les paroles et les gestes de Jésus-Christ. Ce que la tradition juive, et la tradition chrétienne à sa suite appellent le « mémorial » : Le triduum pascal est un mémorial qui actualise les gestes et les paroles du Christ, pour nous aujourd’hui.
En célébrant chacun des jours saints, Dieu nous transforme à son image.
Aujourd’hui, jeudi, nous devenons contemporains de Pierre et des apôtres, nous devenons contemporains de l’amour de Dieu pour notre monde.
Dans l’intimité de nos maisons, des chambres d’hôpital et d’Ephad, Jésus lave les pieds de l’apôtre Pierre et nous apprend le sens du service.
Dans le dépouillement de la messe célébrée aujourd’hui par des prêtres seuls, Jésus nous partage le pain pour que chaque messe soit à nouveau une joie, un don et non un dû.
Dans le silence de la nuit et de nos isolements, Jésus nous apprend à veiller et à prier le Père, sans se décourager.
Il m’a aimé jusqu’à l’extrême, l’extrême de moi, l’extrême de lui… Il m’a aimé à sa façon qui n’est pas la mienne. Il m’a aimé gracieusement, gratuitement…
Ainsi commence l’homélie du Père Christian de Chergé, prieur du monastère de Tibhirine, pour le jeudi saint 1995 : http://paroisses-saintfons-feyzin.fr/verbe-sest-frere/
Prenons le temps d’offrir notre temps et nos cœurs au Seigneur. Et cela à tout âge. Vivons-le en famille si possible. Les propositions nombreuses dans cette Newsletter veulent nous y aider.
Que le Seigneur nous bénisse, encore et toujours.
Priez pour vos prêtres et votre évêque ce jeudi.
Bien fraternellement,
L’abbé Emmanuel Fontaine, votre curé