Mot du curé en période de confinement 8
Compagnon de notre route
Boulogne, le samedi 25 avril 2020
Chers paroissiens,
Les jours s’égrènent. La reprise du travail scolaire à domicile se fera lundi pour les plus jeunes.
Certaines incertitudes se dissipent quant à la date et aux conditions du déconfinement.
D’autres demeurent. Aujourd’hui, nous sommes toujours dans le flou quant à la possibilité de rouvrir nos églises après le 11 mai et d’y célébrer le culte, même avec un nombre réduit de fidèles. En dialoguant avec les autorités, la Conférences des Evêques de France ne peut pas préciser la date du « déconfinement liturgique ».
Est-ce à dire que nous sommes seuls dans l’épreuve ?
Est-ce à dire que les semaines vécues depuis le 17 mars n’auraient pas de sens si ce n’est celle d’une traversée du désert ?
Est-ce à dire que Dieu lui-même ne se presserait guère de retourner à l’église ? !
Plusieurs m’ont dit leur soif de retrouver la vie sacramentelle. Et donc aussi la vie communautaire.
Cette période de disette nous rappelle, s’il en était besoin, que notre vie de prière s’appuie ordinairement sur la communauté rassemblée. L’Eglise, et pour nous concrètement la paroisse, est le terreau naturel d’une fécondité spirituelle.
Face au manque, les médias nous offrent de nombreux palliatifs. Cette lettre d’information en est un parmi tant d’autres.
Cependant, en méditant sur les semaines écoulées, je voudrais vous partager deux convictions personnelles :
- Nous ne devons pas considérer ce printemps 2020, catastrophique à bien des égards, comme uniquement une parenthèse malheureuse, à refermer le plus tôt possible pour la placer dans l’oubli de nos mémoires collectives.
Notre Eglise devra humblement apprendre à vivre après la pandémie, certainement en empruntant des chemins nouveaux. Je n’en connais pas les contours mais je sais que dans l’épreuve, nous avons tenus fermes dans la foi, dimanche après dimanche. Nous vivons un temps d’épreuve. Comment se le cacher ? Epreuve de beaucoup d’entre vous réduits à regarder la messe de Pâques à la TV cette année. Epreuve également pour moi en célébrant la messe chaque dimanche matin, seul, dans une église de la paroisse.
Et au-delà de nos petites personnes, quelles ressources humaines et spirituelles avons-nous à offrir à nos contemporains ? Dans quelle mesure sommes-nous attendus ? Qu’est-ce que le Seigneur veut dire à son Eglise, aujourd’hui en France en 2020 ?
Qui serait qualifié pour apporter des réponses ? Je ne sais. En revanche, nous devons avoir l’honnêteté d’accueillir ces questions. Oui, je crois que nous devons d’abord accueillir ces questions immenses dans la prière.
- Accueillir dans la prière, c’est-à-dire dans le lien de confiance qui nous tient et nous relie au Seigneur. Sur la route d’Emmaüs, la prière des deux disciples anonymes est vide. Leur espérance d’avant s’est périmée. Ils sont lessivés par l’épreuve que constitue la mort de Jésus. Désormais, il n’est plus avec eux et son absence les oblige à repartir dans leurs foyers. L’évangile de ce dimanche montre le Ressuscité venant à leur rencontre, sous des traits inconnus. Le partage de la Parole et du Pain leur permet enfin de le reconnaitre, en cours de route. Ainsi, Jésus reste notre compagnon de route, aussi aride soit-elle. Ensemble, nous ne marchons pas vers un but, mais nous avançons avec le Seigneur. Voilà notre foi aujourd’hui.
Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur. Aussi prie le dernier verset du psaume 30.
En espérant que vous allez tous bien, je vous redis ma communion dans l’espérance et la prière.
Que le Seigneur nous bénisse, encore et toujours.
Bien fraternellement,
L’abbé Emmanuel Fontaine, votre curé
abbe.fontaine@yahoo.fr